Le tout commence par le démembrement d'un réseau d'espions infiltrés, le réseau
Cream Cake. James Bond étant impliqué dans leur évacuation, 007 nous est présenté sous le nom de code
Seahawk, et l'opération se déroule dans la mer Baltique. Évidemment qu'évacuer des taupes du Bloc Communiste - l'Allemagne de l'Est - n'est pas de tout repos surtout si ce sont des femmes.
Puis nous sommes transportés 5 ans plus tard, les identités ont changés et ces agents tentent de se refaire une vie.
John Gardner ne nous a pas pondu un Bond classique. Ici, pas de super-vilain qui veut détruire la Terre ou qui projette de réclamer de l'argent sous menace de représailles. Non, l'auteur s'est aventuré sur un terrain très peu connu : la vie d'un agent double de retour au pays une fois sa mission complétée. C'est ce qui fait l'originalité de cette histoire, mais c'est aussi son point faible car le quotidien d'un agent retraité avec une nouvelle identité n'est pas ce qui est de plus excitant, c'est même très terre-à-terre.
Alors, quel est l'élément déclencheur du roman ? Tout simplement que si une femme séduit un haut dirigeant du SMERSH et qu'il la prend pour conjointe, elle a accès à beaucoup d'informations. À la tête de ce service se retrouve le Général Konstantin Chernov qui se doit de faire un exemple, même cinq ans plus tard : on retrouve donc des cadavres de femmes mutilées avec la langue coupée.
007 reçoit comme mission d'entrer en contact et de récupérer les agents survivants, ce qui n'est pas si facile car ces derniers ne veulent que se faire oublier. S'en suit une course à la montre qui nous mène de l'Angleterre jusqu'en Irlande et puis à l'extérieur du pays.
Comme le fera Jeffrey Deaver avec
Carte Blance, 25 ans plus tard, Gardner menotte quelque peu Bond en le forçant à collaborer avec l'inspecteur Murray, car sa mission à l'intérieur des frontières est non-officielle.
Ce roman est lent à démarrer mais si son rythme fait défaut, la qualité de la description de ses personnages relève la sauce : le Colonel Maxim Smolin est un agent du GRU. Il est un adversaire nettement à la hauteur de Bond. Une fois celui-ci sous son pouvoir dans un château de style gothique, ses chiens veillant sur Bond, on se dit que nous allons assister à la traditionnelle scène de torture... Mais non ! Soudainement, Smolin se présente comme un agent double à la solde de M. Voilà qu'après avoir capturé Bond, il s'évade avec ce dernier avant que son supérieur Kolya Chernov n'entre en scène.
Nous sommes constamment gardé sur le qui-vive : qui est l'ennemi, qui est l'allié ? Qui est un agent secret, qui est une taupe, voire un agent triple !!! À partir de ce moment, nous ne sommes sûr que d'une chose, le tandem Smolin-Bond ne fait plus le poids suite à l'arrivée de
Blackfriar, Chernov maintenant du KGB.
La confrontation ultime se déroule sur l'île de Cheung Chau où Bond doit affronter quatre
Robinsons soit quatre tueurs sadiques provenant de Moscou et qui n'ont qu'un dernier « service » à rendre afin d'être graciés. Évidemment que ce sont les meilleurs assassins disponibles pour qui la mort de Bond signifie leur liberté. Deux ont des armes de poing, un se sert d'un poignard et le dernier préfère un fléau d'armes avec une sphère garnie de pointes d'acier. Cette finale style « jeu de la mort » est digne de mention, d'autant plus qu'elle se déroule la nuit et que 007 ne possède qu'un Luger et 4 balles, une pour chaque Robinson. John Gardner, après être sorti des sentiers battus nous ramène ainsi dans un cadre qui nous est plus familier. Bond a un permis de tuer et il doit survivre face à quatre brutes qui tuent sans permission.
No Deals Mr. Bond est à Gardner ce que
From Russia With Love était à Fleming : les pions se mettent lentement en place, mais l'apothéose finale est digne de mention.