Nobody lives For Ever

Dans Une question d'honneur/Role of Honour, le quatrième Bond provenant de la plume de John Gardner, 007 faisait face au nouveau chef du SPECTRE.
Au cours de l'affrontement final, le chef de l'Organisation sautait d'un dirigeable, en parachute, au dessus de la Suisse. Malheureusement, le roman suivant, le cinquième Bond ne fût pas traduit par l'éditeur Lefrancq laissant le lecteur français dans l'expectative en ce qui a trait à la suite de cette aventure.


Dans Nobody Lives For Ever, la tête de 007 est mise à prix par Tamil Rahani, le successeur des Blofeld. Dans un désir de vengeance, il offre 10 millions de francs suisses à celui qui la lui rapportera sur un plateau d'argent. Finalement, ce n'est plus Bond qui poursuit un criminel, mais il devient la proie, un rôle qui diffère de celui à lequel nous sommes familier.

Gardner semble avoir voulu jouer sur tous les tableaux dans ce roman : il ramène le SPECTRE et son dirigeant pour une seconde fois, il joue la même carte que Kingsley Amis mais cette fois ce sont la fidèle May et Miss Moneypenny qui sont kidnappées en lieu et place de M (Colonel Sun) et par la nature de l'aventure, Gardner s'assure d'une pléthore d'assassins, une trentaine, rien de moins !

En lever de rideau, Bond est en vacances et rencontre Suki Tempesta qu'il sauve d'une agression. Survient la rencontre de Nannie Norrich, la garde du corps de la Princesse italienne. Le trio aura donc une horde de tueurs aux trousses.
Ils sont rattrapés par Der Haken, le vilain de service, qui parvient à capturer Bond et ses compagnes. La suite est intéressante dans le sens que la somme promise amène les tueurs à se concurrencer leur imposant à se trucider les uns les autres pour s'approprier Bond. Cette idée de Gardner procure un rythme constant au récit alors que même quand Bond est dans l'incapacité d'agir, ce sont les tueurs qui entrent en compétition entre-eux. De plus, la somme promise peut amener certains alliers à changer de camp.
Pendant la première partie de roman, Bond est plus la victime des événements, n'ayant que le temps de réagir et non d'agir.

Par la suite, lorsqu'il a la possibilité de traquer Rahani, c'est un problème de conscience qui s'impose à lui : son attachement pour May et Moneypenny. Ici deux femmes qu'il respecte et le sexe n'a rien à voir avec ça. 007, l'agent, ne s'implique pas émotionnellement, et James Bond, l'homme, tisse peu de liens, sauf peut-être avec la fidèle May et Miss Moneypenny. Gardner met ici en évidence probablement le seul point faible de 007, deux femmes de son univers n'ayant rien à voir avec l'action : une bonne et une secrétaire.
Doit-il se livrer, se condamnant ainsi à mourir, sa mort par guillotine étant le prix de la libération de May et de Moneypenny.

Les scènes d'action sont bien décrites, les retournement nombreux et non prévisibles. Dommage que l'affrontement final sur Shark Island (une île entourée de requins, un classique chez Bond) souffre d'une fin un peu trop rapide.
Bref, une aventure bien menée et où on voit, trop rarement, Bond en conflit moral et confronté à un choix : il survit et traque le tueur ou il se résigne à mourir et épargne deux femmes qu'il aime.