Goldfinger

Goldfinger 9e James Bond est pour moi le plus mauvais. En effet, Goldfinger est l'un des rares sinon le seul cas où le film est réellement meilleur que le livre lui-même. Par opposition aux meilleurs travaux de Fleming, l'intrigue de Goldfinger donne l'impression que Fleming a composé ce roman comme il avait commencé CR : au jugé sans ligne directrice. Sauf que dans ce cas, la formule ne prend pas !
Le final est précipité et sans aucune imagination. Ce livre est un vrai roman de gare au mauvais sens du terme. A l'origine on jetait ces livres après le voyage. Celui-ci le mériterait. Je l'ai d'ailleurs fait une fois, puis je l'ai racheté pour vérifier mon jugement. Qui se confirme. En fait, après réflexion, il devient évident que Goldfinger n'a rien d'un génie du crime mais qu'il profite de la bêtise de 007 qui les enfile comme des perles !

Cela dit, il faut aussi se rappeler que Ian Fleming a été, même à son plus bs, un écrivain beaucoup plus inspiré que la plupart de ses contemporains. Dans ses premiers chapitres le roman a ses moments de fulgurance . Auric Goldfinger se présente comme un gangster pour ainsi dire crédible, capable d'amasser la plus grande fortune du monde même si son plan déçoit. L'homme est banal et son plan...bancal. Le livre est intéressant à lire juste pour avoir la chance d'apprécier l'habileté avec laquelle Fleming crée un méchant qui, autrement, aurait pu être sorti d'une bande dessinée.
De même, un livre qui présente un personnage nommé Pussy Galore ne peut pas être entièrement mauvais...
Ceux qui ont le bon sens de l'humour trouveront certainement un certain amusement dans la théorie de Fleming que le lesbianisme est le résultat de femmes qui obtiennent le droit de vote.
Goldfinger n'est pas le genre de livre qui devrait servir d'introduction à Ian Fleming.

Goldfinger est le premier James Bond dans lequel Bond est réellement un espion. Dans les livres précédents 007 paraît plus être un détective les évènements se déroulant plus ou moins de façon indépendante de sa volonté. En revanche, Bond dans Goldfinger suit son sujet à distance, et infiltre l'organisation de ses adversaires, afin de vérifier les informations.
Bond semble avoir une personnalité également, il n'est plus une silhouette dont on suit les réflexions. Ici on suit l'homme dans ses évolutions. Il utilise aussi la réflexion malgré tout plus que dans les livres précédents. Tout cela en fait une histoire qui est suffisante pour rester intéressante, passionnante même quand 007 est captif.

Pourtant, Goldfinger conserve quelques problèmes assez typiques des histoires de Fleming. Des incidents qui ont peu de sens ou sont tout simplement incroyables. Goldfinger maintient Bond en vie tout simplement parce que ce dernier...lui a offert son aide ! Goldfinger l'embauche comme secrétaire. N'a-t-il pas déjà une secrétaire? Plus tard, Pussy Galore trahira Goldfinger pour des raisons qui sont sans vraies explications, comme dans le film d'ailleurs.

Le film résout le problème le plus flagrant dans l'histoire, l'absolue impossibilité de déplacer tous leslingots d'or de Fort Knox dans un court laps de temps. Dans le film, Goldfinger n'a aucune intention de le déplacer, mais dans le livre...

J'adore le moment totalement "old fashion" quand Goldfinger explique à Bond incrédule ce que c'est que le karaté et Oddjob qui est l'une des trois seules ceintures noires dans le monde !

Goldfinger est loin d'être parfait, mais c'est un vrai plaisir de lecture. C'est vrai comme disait un collègue sur un autre site que Bond dans ce livre fait plus penser à Moore qu'à Connery !

Qu'EON ait choisi de réécrire LALD, pour que 20 ans plus tard il ressorte sous un titre autre (LTK) et légèrement remanié est un mystère complet, mais qu'EON soit parvenu à faire un film supérieur en tout point au roman me surprend encore davantage !

J'ai relu tous les romans de Ian Fleming.Sur les sept premiers romans, "Casino Royale" et "FRWL" sont les plus aboutis. Goldfinger est le plus mauvais.

L'intrigue ambitieuse de voler Fort Knox aurait pu donner un roman sombre et dense comme "The Asphalt Jungle" qui a donné le film noir "Quand la ville dort". Fleming aurait pu s'inspirer utilement de ce roman pour monter le complot de son roman.
Dans le roman, Goldfinger propose d'utiliser un petit dispositif atomique pour faire sauter les coffres-forts de Fort Knox. Evidemment l'or sera irradié mais tous ceux qui sont le périmètre de l'explosion subiront le même sort !
Dans le film, il veut faire pareil avec une bombe sale, mais pour augmenter la valeur de son propre stock d'or. Il sera le seul pourvoyeur.

Même si elle a le nom le plus "sex" de tous, Pussy Galore apparaît comme une ombre qui ne sert à rien dans le roman, un personnage dont la sexualité est peu développée mais sans ambiguïté pour être ensuite jetée de côté pour le couplage final obligatoire avec 007.

Fleming consacre beaucoup plus de temps au jeu de golf entre Bond et Goldfinger que sur le personnage de Pussy. Le film passe plus de temps à étoffer son personnage!

Certaines scènes sont réellement drôles, comme lorsque Oddjob démontre son talent au karaté sur l'escalier ou la cheminée avant le dîner... Je déteste ce roman pour la scène où Godlfinger donne le chat à manger à Oddjobb en guise de récompense. C'est pour moi la scène la plus puante de la saga.