Scorpius : le meilleur de Gardner

C'est le premier livre de J. Gardner que j'ai lu. Et le second livre de James Bond après Moonraker de Fleming.

Retour à la fin des années 1950. Ian Fleming a créé un personnage unique, James Bond, connu pour être la quintessence de l'agent secret. Il deviendra en dépit d'un principe moral contestable (le gouvernement aurait, ô surprise ! à sa disposition des agents formés à l'élimination de ceux qui ne respectent pas les codes en vigueur) LE héros emblématique du genre. Qui plus est, ce héros a recours aux drogues pour être opérationnel (benzédrine dans CR) à l'alcool en quantité ainsi qu'au tabac plus que de raison pour un agent de terrain...et aux femmes ! Ce sont des faiblesses qui pourraient être utilisées contre lui par la partie adverse, et d'ailleurs les femmes ont souvent le rôle de "maitresse-traitresse".

John Gardner, a écrit plus de onze livres basés sur le personnage sans rien conserver de Ian Fleming. Bond est devenu quasiment non-fumeur, ce qui n'est pas un mal, mais aussi il boit beaucoup moins. Il aime toujours autant les femmes mais il ne se laisse pas berner aussi facilement. Il est moins "dandy" que dans l'oeuvre originale, portant des jeans Levi's et roulant en Saab (aïe !...les Saab de l'époque n'avait rien de sexy pourtant !).
Scorpius est cependant très réussi car il parvient à assembler ce qui était jusqu'alors deux écoles différentes : le Bond du livre et le Bond de l'écran !C'est un mélange intéressant, écrit dans un style qui permet de visualiser très facilement l'action sans tomber dans les travers de la novelisation. Ce qui tombe bien car Scorpius n'a jamais vu le jour sur écran !

L'histoire débute par un week-end de formation SAS interrompu par un appel de M. Le rythme de l'histoire atteint vite son niveau de croisière quand on sait que Bond est suivi, rappelant légèrement le début de "Colonel Sun".
L'utilisation de Gardner de cette méthode pour augmenter le suspense et le rythme de l'histoire est très bien réalisé, et rend le lecteur rapidement captif de l'intrigue (ce qui n'est pas courant chez Gardner).
Bond doit enquêter sur une secte religieuse appelée les Humbles, fondée par un homme mystérieux appelé Père Valentin. Les Humbles sont également soupçonnés d'être derrière une multitude d'attentats terroristes sur de nombreux politiciens britanniques. Père Saint-Valentin s'avère être nul autre que le marchand d'armes Vladimir Scorpius. La trame utilise en filigrane celle du film Permis de Tuer, mettant en avant la secte qui sert de façade, là où le film ne faisait qu'effleurer le sujet.
Le personnage de Scopius est très bien dépeint, extrêmement intimidant avec «les yeux du mal pur», et est décrit comme "le Diable personnifié».

Difficile d'en dire davantage sans révéler davantage de l'intrigue mais pour moi Scorpius est LE livre de l'après Fleming qui rend le mieux hommage au personnage tout en l'adaptant à cette période. Un James Bond modernisé mais classique dans la forme reprenant le meilleur des films par la même occasion.