Diamonds are Forever

Dans un autre topic, il a été question en passant de ce roman assez controversé de Ian Fleming. La plupart le juge ennuyeux, d'autres, plus rares a priori, le trouve "bon".

Je le relis pour ma part avec plaisir régulièrement. Dans un sens, il est un hommage de Ian Fleming à la mystique du gangster américain, comme TMWTGG serait un peu un hommage au Far West et à ses "guns for hire".
La vision de Fleming du gangster américain est évidemment celle de son époque. Mais c'est celle de l'"âge d'or" ! Emotionnellement et physiquement, le gangster américain est digne de Scarface. Un type torturé dans tous les sens du terme....
James Bond semble être plus le chevalier en armure étincelante dans ce roman que dans la plupart de ceux écrits par Fleming. En grande partie cela peut être attribué au personnage merveilleux (la meilleure et la plus emblématique "Bond Girl" selon moi) de Tiffany Case. Bond devient émotionnellement attaché et veut sauver son corps et son âme.

Il est intéressant de voir comment dans la série de films, les deux réalisateurs Terrence Young et Guy Hamilton, ont été influencés par le Bond littéraire créé par Fleming. Hamilton semble avoir été grandement influencé par ce roman plus que tous les autres de Fleming. Nous voyons la version des "mobsters" américains de DAF selon Fleming dans "Goldfinger", "Diamonds Are Forever" et même au début de "L'Homme au pistolet d'or». Ils sont tels que dans le roman DAF !

Plus important encore ce roman démontre une affinité de Bond pour la notion toujours fugace de l'amour vrai. Tiffany est le diamant brut qui touche le cœur de Bond.

Malgré des descriptions certes trop présentes et nécessairement datées, qui font le charme désuet de ce roman comme aucun autre, je pense que dans ce roman, la sensibilité, l'humanité de 007 est encore plus présente que dans le très grand O.H.M.S.S.

spoilers

Diamonds are Forever est le quatrième roman de Ian et il est assez mal considéré en général. Le principal problème est qu'il n'a pas suffisamment mis l'accent sur le développement des personnages. Les descriptions des courses de chevaux sont particulièrement ennuyantes et n'apportent strictement rien sur le fond. Tiffany Case est un personnage aussi bien écrit que Rider dans Dr No mais engluée dans le maelstrom de descriptions des villes et des autres personnages.

James Bond doit mettre fin à une vaste opération de contrebande de diamants. Un contrebandier, Peter Franks a été interpellé et Bond va prendre sa place. Bond entre en relation avec Tiffany, qui travaille comme passeur et informe Bond-Franks des dispositions pour entrer en contact avec le fournisseur du réseau tentaculaire qui part de NY, Rufus Saye. 007 va devoir remonter jusqu'à la tête du réseau sans éveiller les soupçons.
C'est à mon goût la meilleure trame avec LALD, mais elle est mal mise en "musique" ici. J'ai l'impression d'avoir le livre "Des villes pour JB" entre les mains au lieu d'un thriller.
Je dis bien "thriller" car ici ce n'est pas de l'espionnage. Fleming a choisi une curieuse affectation pour son agent du SIS.
Je fais le parallèle tout de suite avec Deaver, qui, en créant l'ODG, cellule spéciale indépendante, facilitera à l'avenir s'il garde la main sur les aventures de James Bond, les mises en situation qui ne relèvent pas des services extérieurs.

007l est informé par M que Rufus B. Saye est en réalité un truand appelé Jack Spang. Jack Spang et son frère Serrafimo Spang sont les vrais hommes qui contrôlent ce pipeline de contrebande.
Bond une fois à NY et contact pris avec le gang rencontre Felix Leiter, pour l'aider à enquêter. Leiter n'est plus à la CIA depuis LALD et enquête désormais sur une histoire de paris truqués dans le monde des courses de chevaux.
M. Kidd et M. Wint sont présents et n'ont rien de drôle.

La vie privée de 007 se trouvera affectée par la fascinante Melle Case puisqu'ils repartent ensemble en Angletterre une fois l'affaire terminée...Mais comme dans le film, les deux tueurs sont du voyage...