Thunderball

Publié en mars 1961, Ian Fleming livre son neuvième livre de James Bond, l'un des meilleurs qui signe l'arrivée de S.P.E.C.T.RE. C'est un livre important pour la série en ce qu'il nous introduit à l'univers sophistiqué d' Ernst Stavro Blofeld bien plus élaboré que dans les films, qui présente dans le roman Blofeld comme ressemblant un peu à Emilio Largo, qu'il choisit comme son remplaçant en cas de malheur.
S.P.E.C.T.R.E. parvient à détourner un avion de l'OTAN pour voler ses deux bombes atomiques, avec lequel il rançonne les Etats-Unis et le Royaume-Uni pour £ 100.000.000. Bond est envoyé aux Bahamas sur une intuition et il fait équipe avec Felix Leiter, aidé par la maîtresse de Largo et soeur de Petacchi, Domino. Si cette dernière est très fade dans le film, dans le livre sa rencontre avec Bond la rend très proche (selon moi !) de Monica Bellucci dans le comportement.

Le soi-disant "effet Fleming" (la capacité de l'auteur à créer un sentiment de réalisme absolu et engendrer la crédulité chez le lecteur par des détails convaincants) est très présent dans ce livre: en effet, la quantité de détails est vraiment incroyable. On est au comble du style Fleming !
Le livre est bien sûr très daté, avec des références comme les cartes Diners Club, mais l'intrigue de base est, plus pertinente et opportune que jamais. Dans l'ensemble, un travail de fond très impressionnant de Fleming.

Inévitablement, les comparaisons avec le film viennent à l'esprit. Même si un livre est le plus souvent plus complet, plus riche que le film qui suit, il s'avère que dans ce cas, les deux ont leurs points forts. Le roman est certainement plus réaliste. Le meurtre de Petacchi, est, je pense, mieux dans le film mais la séquence Shrublands est bien meilleure dans le livre en plus, j'ai toujours détesté le chantage sexuel de Bond sur Patricia. 007 n'a pas besoin de ça en principe ! Le film tend à devenir un peu dispersé et parfois lent alors que le livre est assez compact.

Dans un sens, Opération Tonnerre c'est là que tout a commencé et où tout c'est terminé pour James Bond. Bien que le roman ne soit sorti qu'en 1961, il est basé sur un scénario intitulé M. Kiss-Kiss Bang Bang écrit par Fleming, Jack Whittingham et Kevin McClory, dont de nombreux éléments ont été adaptés pour le film.
A cause du procès qui a duré des décennies sur les droits de la propriété intellectuelle du SPECTRE et Blofeld ils ont disparu de l'écran.

Bien que n'étant pas l'un des meilleurs de Fleming, Thunderball a du potentiel. Malheureusement il est englué dans des considérations médicales qui durent trop longtemps. Quand j'étais sur un autre site il y a quelques années j'ai dit que je le trouvais carrément chiant !
Fleming a écrit l'épisode de Shrublands pour se moquer des critiques qui trouvaient l'hédonisme Bondien pénible. Après deux semaines au régime Bond se sent comme transformé en Gandhi, et sa gouvernante écossaise est en larmes. Bond explique patiemment la différence entre les aliments "vivants" et les aliments "morts". Cette scène est très drôle car on doit imaginer Sean Connery dans le rôle !

Mais Bond revient immédiatement aux bonnes vieilles habitudes quand Blofeld et SPECTRE détournent les ogives !
J'adore Emilio Largo, qui est un vrai romain épicurien. Domino et Bond développent une relation beaucoup plus explicite que les films ne pourraient la décrire à cette période ! Et la séquence où Domino abandonne Bond dans la campagne est excellente ! 007 doit revoir sa méthode de drague avec cette rebelle !

Dans ce roman Fleming arrive avec peu de mots à faire ressentir ce que Bond mange, à nous faire imaginer les lieux et les personnages comme aucun Benson ou Gardner. Faulks y est un peu parvenu selon moi mais pas pareil.

En somme un roman qu'on devrait lire presque en dernier parce qu'ennuyeux la plus grande partie du temps mais quand on est familier de Ian Fleming ça passe !

Nous sommes tous familiers des films avec leur monde de glamour et de haute technologie, leurs cascades hallucinantes mais en lisant les livres vous entrez dans un monde qui est tout autre. Les livres donnent vie à l'époque et la culture des années 50. On a aussi et surtout un aperçu de l'état d'esprit de Bond, les doutes, les craintes et les récriminations que le film ne peut jamais transmettre parfaitement, surtout si comme Pierce, par exemple, on est peu en phase avec ses partenaires ou le réalisateur...

Bond est envoyé se refaire une santé à Shrublands. Le film fait ressembler cette clinique spécialisée à un "spa select", ce qui m'ennuie d'autant plus que dans le spoof NSNA Shrublands sera telle que dans le livre. Dans le livre, le lecteur ressent la faim des personnes vivant avec un pamplemousse et un jus de carotte pour toute alimentation, il voit clairement le visage de Bond dégoûté par la tasse de thé qu'on lui sert.
Puis l'organisation criminelle SPECTRE fait des siennes et Bond est enfin "libre" ! M envoie son meilleur homme pour les Bahamas avec l'espoir qu'il peut trouver les bombes avant la date limite fixée par Blofeld.

Le livre et le film se suivent presque en parallèle. Le film a plus de violence cependant. Dans le livre Fleming a plus développé les motivations des protagonistes, notamment pourquoi Bond ne peut pas tirer sur Largo de sang froid.
Le livre va aussi dans le détail des paysages magnifiques, des Bahamas, au début des années 1960, la terre des yachts et des plages privées et boîtes de nuit inaccessibles de nos jours au commun des mortels. Il ya aussi des scènes bien écrites de plongée moins ennuyantes à lire qu'à voir sur écran. Le talent de Fleming encore !

Un excellent roman très bien documenté. Fleming est très à l'aise à tous les niveaux.